Il était 16 heures sur l’aire de lancement de Space X à Cap Canaveral en Floride, lorsque la fusée Falcon 9 a entamé son envol. « C’était une joie immense, lance Mustapha Meftah, chercheur du Latmos à l’origine du projet. Quand on a vu le début de l’envol et, plus de 50 minutes plus tard, l’expulsion des 143 satellites dont l’UVSQ-Sat, ça a été une émotion très intense. »
Il faut dire qu’en faisant partie de ce vol, le cube-sat de l’UVSQ, entrait dans un record. Jamais une fusée n’avait lancé 143 satellites en même temps.
« Le satellite a émis ses premières télémesures. Il faut savoir qu’un satellite sur deux lorsqu’il est envoyé dans l’espace ne répond pas. Le nôtre est donc fiable et vivant ce qui est déjà un succès technologique. Le deuxième défi est scientifique. Notre objectif est de cartographier le flux infrarouge de la terre et de faire la mesure de variable climatique. Nous pensons qu’avec ces petits satellites, nous pourrons en envoyer une grappe dans l’espace pour faire une constellation et pouvoir cartographier l’évolution du climat en temps réel. Ce lancement du premier nano satellite est un premier pas. »
L’exploitation des données de l’UVSQ-Sat sera à présent assez lente. D’ici quelques jours, les instruments de mesures vont être activés.
Malgré le confinement les équipes du Latmos et de l’OVSQ sont restées mobilisées vers cet objectif de lancement. « C’est aussi la réussite de tout le département des Yvelines. Nous avons réussi grâce au soutien des organismes locaux et des entreprises locales. » À noter que ce lancement a passionné un large public. Plus de 4 000 Internautes étaient connectés sur la page YouTube de l’Université qui a « sauté » face à l’affluence !
Au total, sur la chaîne de Space X, plus de 270 000 personnes ont suivi l’événement.
Une nouvelle ère des nanosatellites est en route
Le lancement de ce cube-sat, pas plus gros qu’un Rubix’s Cube, inaugure une nouvelle filière spatiale française.
« Nous voulons maintenant installer durablement un modèle local pour avoir une meilleure maîtrise de la production et accompagner la démocratisation de l'accès à l'espace », souligne Mustapha Meftah. Plus rapides à fabriquer, les nanosats sont aussi bien moins coûteux que les satellites traditionnels.
Les éléments qui les composent sont en effet des pièces standards vendues dans le commerce. Les cube-sats eux-mêmes sont empilables comme des Lego pour obtenir des engins de la taille et de la puissance voulue.
Le deuxième satellite est en cours de construction à Guyancourt, son lancement est prévu pour l'an prochain. Il sera ainsi composé de deux cube-sats, le troisième de trois, et ainsi de suite. L’aventure ne fait que commencer…