« Nous passions le réveillon à Budapest avec mon mari lorsque mon fils nous a envoyé un montage vidéo via WhatsApp. En découvrant mon nom dans le Journal officiel, j’ai cru à une blague. À peine rentrée chez moi, j’ai reçu des courriers de félicitations des préfets des Yvelines et des Hauts-de-Seine, de Roselyne Bachelot, Nadia Hai, Valérie Pécresse… c’était donc vrai !», confie dans un éclat de rire Gabriella Boda.
Talent et humilité
À sa demande, la cérémonie s’est déroulée au conservatoire de Trappes. L’occasion pour les enfants de la Maîtrise de Trappes créée par l’Association pour la promotion de la musique à Saint-Quentin-en-Yvelines (APMSQ) de montrer l’étendue de leur talent sous la houlette de leur cheffe de choeur.
« Sans les enfants, cette fête n’aurait eu aucun sens. Ces applaudissements, je voulais les partager avec chacun d’entre eux. » Talentueuse et généreuse, Gabriella Boda a su, très vite, quelle était sa voie. Dès son plus jeune âge, elle étudie la musique avant de choisir de l’enseigner.
« Il existe, en Hongrie, de nombreuses chorales dans les villages, les écoles, mais aussi des chorales de paysans, de médecins… Enfant ou adulte, nous avons tous besoin de la musique. J’ai eu envie de semer ces graines de joie et de réconfort. » Arrivée au Maroc en 1979, où elle crée son école de musique, cette infatigable voyageuse s’installe ensuite en France, puis en Chine, avant de rejoindre l'Inde. C’est là qu’elle croise, en 2011, la route du chef d’orchestre Pierre- Michel Durand, alors directeur artistique de l’APMSQ, l'une des associations culturelles phares de l’agglomération soutenue par SQY.
« Depuis 2003, nous réunissons chaque année 300 élèves des écoles élémentaires de l’agglomération saint-quentinoise, dont une majorité issue de quartiers prioritaires, lors d’un spectacle lyrique au Théâtre de SQY. Nous avions envie d’aller plus loin en créant une maîtrise, un choeur d’enfants qui chanterait des airs classiques. Nous avons rencontré cette formidable cheffe de choeur qui avait monté un opéra avec les enfants des rues de New Delhi et dont le mari s'apprêtait à être muté à Guyancourt… et nous ne l’avons plus lâchée ! », résume Hervé Farge, le président de l'APMSQ.
La musique appartient à tous
Entourant ses élèves d’une énergie bienveillante, Gabriella Boda s’appuie sur la méthode Kodály, développée par un ethnomusicologue et compositeur hongrois du début du XXe siècle, pour les initier au chant choral.
« Contrairement à la tradition française basée sur l'apprentissage du solfège pour lire les notes sur la portée, cette méthode part du principe que la musique appartient à tous. Notre instrument – la voix – permet de développer l’oreille interne et la polyphonie à travers des exercices ludiques. Les notes, par exemple, sont figurées par des signes de la main que les enfants apprivoisent rapidement », explique la cheffe de choeur.
Respect et confiance
Au-delà de la musique, la maîtrise de Trappes enseigne le respect de l’autre et la discipline, elle cultive la confiance et l'ouverture d’esprit. « Contrairement au foot ou aux échecs, ici, il n’y a pas d’adversaire : c’est l’engagement de chacun qui fait fonctionner l’ensemble », souligne Gabriella Boda.
Fruit du travail de toute une année, « Wolfgang, enfant musicien » sera interprété par l’opéra des enfants le 18 juin. « Quand ils découvrent la Scène nationale de SQY et ses équipes, l’orchestre et ses 40 musiciens, c’est magique ! Le soir du concert, c’est comme s’ils chantaient dans une cathédrale. Il y a ce souffle qui les porte, cette émotion si forte, et à la fin les mercis, les bravos, la fierté de leurs proches… C’est chaque fois une aventure musicale et humaine intense qui reste gravée dans les coeurs. »